Après 25 ans ceux qui ont fait un jour de Juin 1989 l’histoire sur la Place Tiananmen (天安門廣場), restent désormais circonspects et divisés sur comment la démocratie à la chinoise pourrait se développer, même si au final, elle n’est pas exactement ce qu’ils rêvaient pour leur pays.
Photos récentes de trois leaders de 1989: Wuer Kaixi (吾爾開希多萊特) (gauche), Zhou Duo (centre) et Wang Dan (combinaison: SCMP).
HONG KONG 香港 – Wang Dan et Wuer Kaixi (吾爾開希多萊特), leaders étudiants sur la Place Tiananmen (天安門廣場) au printemps 89, et désormais vivant à Taiwan, se sont montrés en Mars auprès des étudiants qui occupaient le Legislative Yuan de Taipei contre le pacte de services signé avec la Chine.
M.Wang, enseigne désormais les sciences politiques et sociales dans deux universités de Taiwan. Il a indiqué que la protestation de Taipei montrait la montée du « cinquième droit », celui de contester quand le citoyen pense que les quatre piliers de la démocratie (partis politiques, parlement, élections et médias), ne font pas correctement leur travail.
Pour Zhou Duo, l’un des quatre intellectuels qui avaient lancé une grève de la faim à la veille de la répression du 4 Juin 1989 et qui avaient tenté de négocier avec les troupes pour laisser partir les étudiants avant qu’elles ne reprennent possession de la Place au matin du 4 Juin, les manifestations dans les rues n’aident pas à promouvoir la démocratie en Chine, « elle ne peuvent que mener des populistes un jour au pouvoir à Pékin ».
M.Zhou, qui vit toujours en Chine, précise que la démocratie doit s’y développer graduellement. Le rôle de la loi et le pouvoir de la constitution doivent être suffisamment forts, pour garantir des libertés individuelles et empêcher de restreindre le pouvoir à un seul parti.
« La société civile en Chine n’est pas assez développée et sous ces conditions, les mouvements de masse mènent à une situation incontrôlable que personne ne maitrise ». Si une démocratie se développait sur ces bases, « cela mènerait à la prise de pouvoir par des gens dangereux, populistes, nationalistes et sectaires ». Pour M.Zhou, il faut du temps pour développer des partis politiques modérés.
En dépit des récentes arrestations du journaliste Gao Yu (高瑜), et de l’avocat des droits, Pu Zhiqiang, Wuer Kaixi (吾爾開希多萊特) croit toujours à la possible démocratisation de la Chine. « C’est que le Parti Communiste appelle lui-même: ‘les moments sombres avant l’aube’ ».
Cependant, pour M.Zhou, les réformes politiques sont plus difficiles maintenant que par le passé. « La corruption est rampante, plus qu’en 1989, et les élites qui pouvaient mener le pays vers des réformes, perdent le pouvoir à cause de cette corruption. Il n’y a pas non plus de consensus sur la réforme. Peu de citoyens la supporte, elle fait peur. Cependant, je pense que le gouvernement actuel est capable d’induire de la réforme et de la modernisation du système politique, ne parlons pas de démocratisation, mais la campagne anti-corruption massive actuelle, le prouve » •
Olivia Tam 譚美文 | |
Correspondante à Hong Kong | |
olivia.tam[at]taipeisoir.net | |