Un ancien cadre du Parti Communiste, plutôt connu pour son libéralisme, Du Daozheng, 91 ans, a exhorté ce mercredi le gouvernement à accorder son pardon envers les étudiants du mouvement de 1989, et appeler à la réconciliation nationale tout en révélant ce qui s’y est vraiment produit, à l’instar de l’ancien leader d’Afrique du Sud, Nelson Mandela, « qui a su pardonner à ses bourreaux ».
Photo: SCMP
HONG KONG 香港 – « Les autorités, les anciens étudiants et le peuple doivent tous se pardonner mutuellement. Et premièrement, toute la vérité doit être dite au peuple chinois », a indiqué M.Du, éditeur du magazine politique le plus lu en Chine: « Yanhuang Chunqiu ».
L’ancien leader sud-africain avait établi la Commission Vérité et Réconciliation qui avait dû enquêter sur les années d’apartheid dans le pays, une période de ségrégation raciale violente. La Commission est reconnue pour avoir réussi à réconcilier, du moins en surface, la population sud-africaine.
« Mandela a mis en place un bon précédent, la vérité doit être enquêtée et dévoilée, et ensuite nous pourrons mettre en place la réconciliation », a indiqué M.Du.
La répression sanglante du printemps de Pékin en Juin 1989 a tué des milliers d’étudiants et de civils, certains avancent le nombre de 2 000 morts en quelques heures au matin du 4 Juin 1989. Dans la nuit du 3 au 4 Juin, M.Du se souvient avoir pleuré avec sa femme. « Nous entendions les tirs à quelques mètres de chez nous, sur la Chang An Avenue, qui longe la Place Tiananmen (天安門廣場). Je me souviens avoir dit à ma femme: nous sommes finis, notre parti est mort, nous avons ouvert le feu sur notre propre peuple ».
Après la répression, M.Du a démissionné de son poste de Directeur de l’Administration des Presses et Publications, en refusant de témoigner à charge contre son ancien patron, le réformiste Zhao Ziyang.
M.Du regrette la progression d’affaires de corruption et de conflits sociaux de nos jours. Pour lui, après Tiananmen, le gouvernement a mis en place un système de développement économique qui a mené la Chine à ce qu’elle est aujourd’hui, mais a laissé une grande place à la corruption et autres inégalités sociales. « Si nous ne résolvons pas nos problèmes, ils seront de plus en plus durs à résoudre. Le pardon et la connaissance des évènements est le seul moyen, sinon, il n’y aura pas de futur à la société chinoise » •
Anthony Lam 林振誠 | |
Correspondant à Hong Kong | |
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