Wang Lijun, l’ancien chef de la police de Chongqing qui avait révélé le scandale à l’origine de la disgrâce de l’étoile montante du régime communiste chinois, Bo Xilai, a été condamné à 15 ans de prison lundi par le tribunal intermédiaire du peuple de Chengdu (centre).
Photo: Wang Lijun, lors de son procès la semaine dernière à Chengdu (CCTV 中国中央电视台).
CHENGDU (Agences) – Wang Lijun a été jugé coupable, notamment, de défection, abus de pouvoir et corruption passive. Wang Lijun ne fera pas appel, a déclaré son avocat. Les faits qui lui sont reprochés sont généralement sanctionnés par dix à 20 ans de prison. L’insistance du tribunal sur le fait que l’accusé avait coopéré avec les autorités suggérait qu’il ferait l’objet d’une certaine clémence.
Wang Lijun, qui était à la tête du Bureau de la sécurité publique (BSP) de Chongqing, métropole alors dirigée par Bo Xilai, a été notamment reconnu coupable de défection, abus de pouvoir et corruption. L’énoncé du verdict, devant un tribunal de Chengdu, dans le sud-ouest du pays, a duré 33 minutes au terme desquelles « Wang Lijun a fait part de son intention de ne pas faire appel », a indiqué la cour dans un communiqué.
Maintenant que le verdict est tombé, le régime chinois devrait se prononcer sur la question la plus délicate de ce scandale: décider de poursuivre en justice et d’exclure ou non du Parti communiste chinois (BCC) Bo Xilai, ancien chef de la province de Chongqing, suspendu du tout-puissant Politburo. Des divergences de vues sur cette question pourraient expliquer que le PCC tarde à annoncer la date du Congrès qui fera monter une nouvelle génération de dirigeants à l’automne.
Secondant Bo Xilai, alors flamboyant secrétaire général du Parti communiste de Chongqing, Wang Lijun avait à la fin des années 2000 dirigé une lutte musclée contre la corruption dans la mégalopole, une opération marquée par de graves accusations de violation des droits de l’homme. En février dernier, Wang Lijun, brutalement tombé en disgrâce auprès de son mentor, avait tenté de trouver refuge dans un consulat américain, un événement qui a passionné les internautes et suscité les spéculations les plus folles.
C’est en effet dans ce consulat que Wang a révélé certains graves méfaits survenus à Chongqing, dont le meurtre d’un Britannique commis par Gu Kailai, la propre épouse de Bo Xilai. Cette dernière a été condamnée le mois dernier à la peine de mort avec sursis. Son mari, Bo Xilai, qui aspirait à rejoindre le comité permanent du Bureau politique, la plus haute instance dirigeante du pays, à l’occasion du prochain congrès du Parti chinois le mois prochain, est actuellement gardé au secret.
Les analystes avaient bien anticipé une sentence relativement légère pour Wang Lijun, qui était théoriquement passible de la peine capitale et dont l’implication criminelle semblait moins grave que celle de Gu Kailai. Selon le tribunal, la chef policier a bénéficié de la « clémence » des juges en raison de sa « participation active pour relancer l’enquête » sur l’assassinat commis par Gu Kailai, même si Wang Lijun a d’abord tenté d’étouffer les investigations sur cet homicide. Le verdict de 15 ans de réclusion « témoigne d’une volonté d’épargner Bo Xilai », a de son côté commenté Willy Lam, un spécialiste de la politique chinoise basé à Hong Kong •