MH370: un an après, toujours rien et un espoir en berne chez les familles des passagers

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Il reste toujours quelque chose à faire pour ceux dont des parents étaient à bord du vol de la Malaysia Airlines MH370 qui a disparu des radars le 7 Mars 2014 avec 239 personnes à bord. Ils parcourent le monde, cherchent des réponses et croient de plus en plus à la théorie du détournement qui circule sur Internet.

Photo: archives Xinhua

KUALA LUMPUR / HONG KONG 香港 – Encore maintenant, certains pensent que leurs parents vont revenir en ce jour anniversaire, sains et saufs. « Tout reste à faire, parce que tout est possible » disent-ils. Parmi les passagers se trouvait une majorité de ressortissants chinois.

Cela fait un an que le vol entre Kuala Lumpur et Pékin a disparu des radars sans laisser de traces, et malgré les fonds dépensés dans les recherches, les plus importantes dans l’histoire de l’aviation, rien n’a été retrouvé. Pas de débris, de morceaux de carlingue ou de moteur, pas de train d’atterrissage ou même une trace de gasoil.

« Une part de moi-même me dit de profiter de ma fille et de passer plus de temps avec elle, une autre part me pousse à passer tout mon temps à chercher des réponses », déclare Gao Yongfu (高永富). Son mari, Li Zhi (李治), homme d’affaires en Malaisie, était parmi les passagers.

Quelques familles ont pris l’argent offert en compensation par Malaysia Airlines et se sont retirés, Mme Gao n’en fait pas partie. Elle n’a même pas accepté les 5 000 US$ offerts juste comme support financier durant l’attente due aux recherches.

« C’est avec un coeur très lourd et avec un profond chagrin que nous déclarons officiellement, au nom du gouvernement de la Malaisie, que le vol MH370 de la Malaysia Airlines» a été victime d’un «accident». Cette déclaration du chef de l’aviation civile malaisienne date du 29 janvier, et aurait dû clore un chapitre de l’enquête sur la disparition du Boeing 777 et de ses 239 passagers et membres d’équipage il y a un an.

Le 8 mars 2014, le vol MH370 au départ de Kuala Lumpur à destination de Pékin disparaissait une heure après son décollage avec 227 passagers à bord, dont 153 Chinois. Aucune trace de l’avion n’a été retrouvée malgré d’intenses recherches dirigées par l’Australie dans le sud de l’océan Indien où des satellites ont « accroché » pour la dernière fois les systèmes de communication de l’appareil.

Mais la plupart des familles ne sont pas prêtes à abandonner. Dans une longue lettre adressée aux autorités malaisiennes, « les familles des passagers du vol MH370″, un groupe regroupant notamment des familles chinoises, a exprimé son indignation pour son annonce sans fondement, et demande désormais un réponse à une simple question: « qu’est-ce qui pourrait laisser penser que le MH370 s’est crashé réellement, alors que rien n’a été retrouvé ? ».

Le Directeur du groupe Malaysia Airlines, Ahmad Jauhari Yahya a répondu à cette question en citant la Convention de Chicago, et en déclarant qu’il fallait maintenant faire son deuil et accepter les compensations offertes.

« La seule chose que je dois faire, c’est protéger ma fille », déclare Mme Gao. « Si il était là, il ne voudrait pas que je m’occupe d’autre chose avant la sûreté de notre fille ». Mme Gao, comme beaucoup d’autres familles, ne lui a toujours rien dit. « Elle me demande toujours: où est papa ? Les avions voyagent vite normalement, pourquoi il n’est toujours pas là ?… je ne sais pas quoi répondre ».

Pareil pour Liu Guiqiu (刘跪求), elle ne veut rien dire à sa petite-fille, « je ne veux pas qu’elle sache, et je ne veux pas que quelqu’un d’autre lui dise ». « Nous faisons ce que nous pouvons, beaucoup donnent du temps, ou de l’argent, ce qui n’est pas facile pour certain, alors que la personne disparue était souvent soutien de famille », indique Mme Gao.

Un comité payé par les familles s’occupe de l’argent collecté, achète de la nourriture et des vêtements pour les familles dans le besoin.

Wen Wancheng (闻湾乘), 65 ans et père d’un passager est actuellement à Kuala Lumpur avec au moins 20 autres représentants de disparus. Pour lui, il en est sûr, quelqu’un a détourné l’avion et le cache quelque part, il affirme qu’il travaillera jusqu’au bout pour qu’un jour, on retrouve cet avion.

Les gouvernements locaux chinois tentent d’assister les familles, chacun s’est vu assigner un avocat gratuitement, mais beaucoup sont ceux persuadés que leurs chers disparus sont toujours vivants quelque part, peut être sur une petite île. « Nous sommes prêts à porter plainte, le problème c’est porter plainte contre qui, contre quoi ? » indique M.Wen.

« Le meilleur reste à venir, ils n’ont rien trouvé … », précise Mme Gao. Le mystère reste total.

Le Premier ministre australien Tony Abbott a laissé entendre le 5 Mars que le dispositif déployé pour tenter de localiser l’épave pourrait être réduit, sans cependant abandonner l’espoir de réussir. « Je ne peux pas promettre que les recherches se poursuivront toujours avec la même intensité mais nous ferons tout notre possible pour résoudre ce mystère et apporter des réponses » aux familles des disparus, a-t-il déclaré devant le Parlement à Canberra.

Quatre navires explorent actuellement les profondeurs du sud de l’océan Indien, en immergeant de puissants sonars, à environ 1.600 kilomètres à l’ouest des côtes occidentales de l’Australie. Les équipes de recherche pensent que les débris de l’avion pourraient reposer à 4.000 mètres de profondeur. Un plan de récupération est en cours d’élaboration. Jusqu’à présent, près de 40% de la zone de recherche prioritaire de 60.000 kilomètres carrés a été passé au peigne fin. L’opération doit s’achever en mai.

Marina Takashi
Correspondante à Tokyo
marina.takashi[at]taipeisoir.net
(Envoyée Spéciale) –
Anthony Lam 林振誠
Correspondant à Hong Kong
anthony.lam[at]taipeisoir.net

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