Le Ministère des Affaires Étrangères (MOFA 中華民國外交部) et plusieurs organismes gouvernementaux ce mardi ont conçu une approche pour des négociations avec le Japon sur la question des « femmes de réconfort », ces femmes enlevées par l’armée japonaise pour être forcées à un esclavage sexuel durant la Seconde Guerre Mondiale.
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TAIPEI 臺北- Après une réunion de deux heures, un groupe de travail qui réunissait des fonctionnaires de plusieurs organismes gouvernementaux et un groupe de droits des femmes a convenu que Taiwan allait demander officiellement au Japon de faire des excuses aux femmes de réconfort taïwanaises, et d’offrir une compensation aux survivantes, afin de réparer leur honneur, a précisé le MOFA.
Cette décision suit une remarque de David Lin (林永樂), le ministre des affaires étrangères, qui la semaine dernière indiquait que le Japon était disposé à des pourparlers avec Taiwan sur la question, et que des entretiens pourraient commencer en Janvier à Tokyo.
La session de la planification de ce mardi a été convoquée par le vice-ministre des affaires étrangères, Bruce Linghu (令狐榮達) et suivie par des membres de l’association des Relations Asiatiques du MOFA, mais aussi des représentants des ministères de la culture, de la santé, des aides sociales et de l’éducation ainsi que des représentants de la Fondation de Défense des Femmes de Réconfort de Taiwan, qui se consacre depuis plus de 20 ans à aider les victimes taïwanaises.
La réunion s’est tenue un jour en avance après que le Japon ait indiqué qu’il ne prévoyait pas de traiter le dossier des femmes de réconfort dans les autres pays de la même manière qu’il l’a fait avec la Corée du Sud la semaine dernière.
Le porte-parole du Bureau Présidentiel, Charles Chen (陳以信) a réitéré ce mardi que le Japon devrait offrir des excuses et une compensation aux femmes de réconfort taïwanaises. Le Président Ma Ying-Jeou a ordonné au bureau représentatif de Taiwan à Tokyo d’intensifier la communication avec le Japon pour chercher à obtenir le même traitement pour les victimes taïwanaises que le Japon en a offert à la Corée du Sud, a ajouté M.Chen.
M.Lin a précisé que Taiwan et le Japon sont déjà entrés en négociations par voie diplomatique.
Lundi, M.Linhu a rencontré le représentant du Japon à Taiwan Mikio Mumata, alors que le représentant de Taïwan au Japon Shen Ssu-tsun (沈斯淳) menait des discussions avec des hauts fonctionnaires à Tokyo a indiqué le ministre, ajoutant que Japon a précisé désirer être flexible sur la question.
Le Japon et la Corée du Sud sont tombés d’accord le 28 Décembre à Séoul. Selon cet accord, le gouvernement de Tokyo versera environ 1 milliard de Yens japonais (273 millions de NT$) à une fondation installée par le gouvernement sud-coréen pour les « femmes de réconfort » et Shinzo Abe a officiellement offert des excuses à toutes les victimes de ce temps de guerre en sa qualité de Premier Ministre.
Mais ce lundi, le secrétaire en chef du gouvernement nippon, Yoshihide Suga a indiqué à la TV japonaise que son gouvernement n’avait pas l’intention de résoudre le problème des « femmes de confort » dans les autres pays concernés de la même manière qu’avec la Corée du Sud. Lors d’une conférence de presse ce mardi, M.Suga a dit que le Japon avait jusqu’ici fait face au problème des « femmes de réconfort » de façon honnête. Il a refusé de divulguer les détails des négociations en cours avec Taipei.
En réponse, Chang Jen-Joe (張仁久), secrétaire-général de l’Association des Relations Est-asiatiques, a indiqué que le MOFA continuerait à communiquer avec le Japon sur la question.
Kang Shu-hua (康淑華), directrice-exécutif de la Fondation de Défense des Femmes de Réconfort a précisé qu’elle ne pensait pas que le gouvernement japonais voulait sincèrement résoudre le problème.
« La chose la plus importante est que le Japon fasse des excuses et nettoie la réputation des victimes », a indiqué Mme Kang ajoutant que la compensation monétaire venait en second lieu.
Selon la fondation, environ 2 000 taïwanaises ont été transformées en esclaves sexuels pendant la Seconde Guerre Mondiale, et 58 survivantes se sont manifestées à la fin des années 90 pour exiger des dédommagements. Après plus de 20 ans de négociations, cependant, plusieurs de ces anciennes femmes de réconfort sont mortes et seulement quatre d’entres-elles vivent encore •
Jonathan Chang 張傑鴻 | |
Rédacteur en Chef - Directeur du service Politique | |
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