En Chine, la mise en cause de personnalités de haut rang, dont un proche du président Xi Jinping (习近平), dans les Panama papers, a provoqué une réaction prévisible : l’activation de la très efficace cybercensure.
Photo: Capture d’écran du China Digital Times révélant la censure imposée par la Chine.
PEKIN 北京 – Les « Panama Papers » mettent en cause de nombreux hommes d’affaires, et des politiciens dans le monde entier, ainsi que l’entourage de certains autres, comme Vladimir Poutine en Russie, ou encore le Président Xi en Chine. Ils surviennent à un moment délicat en Chine, où le Président a réagi très violemment à la publication récente d’une lettre ouverte, signée par de « loyaux militants communistes », l’invitant à démissionner en raison des failles de son « style de gouvernement ». Plusieurs personnes ont été arrêtées, et des proches d’exilés chinois, ont été inquiétés pour faire pression sur eux.
Le cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseka, a travaillé avec plus de 14 000 banques, cabinets d’avocats et autres intermédiaires pour créer des entreprises et des fondations pour ses clients, a indiqué le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ce lundi. 240 000 entreprises offshores ont été créées grâce à ce système.
Bien que détenir de l’argent dans des entreprises offshores ne soit pas foncièrement illégal, les journalistes de l’ICIJ ont indiqué que ce genre d’entreprises pouvaient servir à de la fraude, du blanchiment, des ventes d’armes, de l’évasion fiscale, du trafic de drogue …
Le site China Digital Times, édité aux Etats-Unis à l’université de Berkeley, a révélé lundi les consignes des services de censure de l’Internet chinois adressées aux gestionnaires de sites et réseaux sociaux chinois : « Trouvez et supprimez toutes les informations sur les Panama papers. Ne reprenez pas les informations qui y sont liées, sans exception. Si du contenu provenant de sites étrangers attaquant la Chine est découvert sur quelque site que ce soit, l’affaire sera traitée sévèrement. Ces instructions ont été données oralement aux responsables de service, elles doivent être suivies d’effet immédiat ».
De ce fait, selon le China Digital Times, on trouvait très peu de choses sur les réseaux sociaux et sur le moteur de recherche chinois Baidu (Google est bloqué en Chine continentale), quelques bribes ayant échappé à la censure, ou des liens morts. Les principales plateformes internationales, y compris la version chinoise du New York Times et les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, sont bloquées en Chine.
L’affaire est d’autant plus complexe en Chine, que le Président Xi a fait de la lutte anticorruption l’un de ses axes principaux et qu’au moins huit actuels ou anciens membres du Comité Central du Parti Communiste chinois (PCC 公共工程委員會), sont impliqués, mettant en lumière la fortune importante de nombre d’entre eux. Le gendre du Président Xi, Deng Jiagui (邓家贵), aurait installé deux entreprises aux Îles Vierges britanniques, à l’époque le Président Xi n’était pas encore au pouvoir, mais seulement membre du Comité Central.
Dans ces documents, on trouve également la fille de l’ancien Premier Ministre Li Peng (李鹏) (au pouvoir de 1987 à 1998). Li Xiaolin (李小琳), ancienne vice-Présidente de China Power Investment Corp., une société à capitaux publics, via une fondation installée au Liechtenstein, contrôlerait une entreprise installée aux Îles Vierges immatriculée quand son père était au pouvoir. Mlle Li serait aussi la seule actionnaire de nombreuses entreprises offshores, via lesquelles elle dirigerait discrètement des entreprises chinoises •
Sunny Chen 陈雅琦 | |
Correspondante à Pékin | |
sunny.chen[at]taipeisoir.net | |