Philippines: un danger démocratique aux portes du pouvoir ?

0905-03

La campagne présidentielle prend fin aux Philippines avec la tentative de dernière minute du Président sortant d’unifier les candidats à sa succession contre le candidat en tête dans les sondages, perçu comme une menace pour la démocratie philippine déjà faible.

Photo: DR

MANILLE -  Lundi 9 Mai, les Philippins n’éliront pas seulement leur Président, ils choisiront également leurs députés, gouverneurs de province, maires, vice-maires, conseillers municipaux et une partie de leurs sénateurs. Mais, malgré la variété, on n’entend plus qu’un seul sujet de discussion : Rodrigo Duterte.

Après un déchirement total de la nation de l’archipel depuis trois mois, cinq candidats présidentiels menés par le Maire de Davao Rodrigo Duterte, ont terminé leurs meetings de campagne à Manille ce samedi avant le vote de lundi. Des milliers de Policiers avaient été déployés pour maintenir l’ordre.

Ce samedi, le Président Benigno Aquino III a fait un appel désespéré sur les candidats opposés à M.Duterte pour mettre au point une alliance afin de faire battre M.Duterte considéré trop extrémiste, et qui a déjà été comparé au favori du camps Républicain aux États-Unis, Donald Trump notamment pour ses remarques controversées.

L’avance de M.Duterte dans les sondages peut être surmontée si ses rivaux — principalement l’ancien Secrétaire de l’Intérieur Mar Roxas et la Sénatrice Grace Poe — font alliance, a indiqué M.Aquino.

Selon le système électoral philippin à un tour, le candidat qui obtient la plupart des votes est proclamé gagnant, même si personne n’obtient de majorité.

Mme Poe, cependant, a déjà refusé une invitation faite par M.Roxas, le candidat soutenu par M.Aquino, pour une rencontre afin de discuter d’une disposition où elle serait forcée de le soutenir. Le Vice-président Jejomar Binay a également précisé qu’il ne souhaitait pas faire d’alliance, ou se retirer, tout comme la Sénatrice Miriam Defensor-Santiago, qui est pourtant bonne dernière des sondages, mais ne pense pas se retirer.

Le camp de M.Duterte a indiqué que les appels pour une alliance contre lui ont des relents  de « puanteur de défaite ».

Maire depuis 1988 de ville de Davao (au Sud), M.Duterte,  71 ans a fait polémique plusieurs fois avec ses discours riches en blasphèmes, des plaisanteries vulgaires et une irrévérence insouciante mais a aussi remporté dessuccès avec des remarques sur l’insécurité publique avec des promesses audacieuses d’éliminer le crime et la corruption en trois à six mois s’il est élu.

Le viol, pas plus que le meurtre, ne semble pas lui poser de problème. Récemment, celui qui se vante d’avoir trois petites amies en plus de son épouse, a déclenché un tollé en évoquant le viol et le meurtre d’une missionnaire australienne en 1989. « J’ai vu son visage et je me suis dit ‘Putain, quel dommage! Ils l’ont violée, ils ont tous attendu leur tour. J’étais en colère qu’ils l’aient violée, mais elle était si belle. Je me suis dit ‘le maire aurait pu passer en premier.’ » Une plaisanterie? Pas du tout. Rodrigo Duterte a ensuite affirmé qu’il parlait « sans sourire, au premier degré ».

Quand les ambassadeurs d’Australie et des États-Unis ont réagi à cette « plaisanterie », M.Duterte leur a demandé « de la fermer » et a exprimé la possibilité de stopper les relations avec les alliés occidentaux des Philippines s’il gagnait la Présidentielle.

Il également a menacé de fermer le Congrès si les parlementaires essayaient de l’attaquer en cas de victoire ce lundi, tout en déclarant qu’il permettrait aux guérilleros marxistes de jouer un rôle politique dans son gouvernement •

Stella Ke 柯美玉
Département Santé
stella.ke[at]taipeisoir.net
(Envoyée Spéciale)

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