Le président élu des Philippines, l’avocat populiste Rodrigo Duterte, a déclaré dimanche 15 mai qu’il comptait rétablir la peine de mort et donner aux forces de l’ordre le droit de « tirer pour tuer ».
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MANILLE – « Je vais presser le Congrès pour rétablir la peine de mort par pendaison ». Voilà ce qu’a déclaré Rodrigo Duterte dimanche, lors d’une conférence de presse. Elu sur la promesse d’éradiquer la criminalité en moins de six mois, le nouveau président des Philippines veut un retour de la peine capitale pour les crimes comme le trafic de drogue, les viols, les meurtres et les vols.
Les Philippines ne pratiquent plus la peine de mort depuis 2006. Rodrigo Duterte dit vouloir également donner aux forces de l’ordre le droit de « tirer pour tuer » en cas de « violente résistance ». Des militaires tireurs d’élite seront mobilisés pour tuer des criminels, a-t-il encore précisé.
« Ceux qui tuent mon pays seront tués. C’est aussi simple que cela. Pas de demi-mesure. Pas d’excuses », a-t-il prévenu. Il prône le châtiment capital (aboli en 2006) dans les affaires de trafic de drogue, de viol, de meurtre et de vol. Il a dit préférer la pendaison au peloton d’exécution, en expliquant qu’il ne voulait pas gaspiller de balles, et que la potence était plus humaine. Ceux qui seraient condamnés pour deux crimes seront pendus deux fois : « Après une première pendaison, une seconde suivra jusqu’à ce que la tête soit totalement coupée du corps. J’aime ça parce que je suis fou ».
Toujours pour combattre la criminalité, Rodrigo Duterte souhaite enfin la mise en place dès 2 heures du matin, d’un couvre-feu pour les mineurs non accompagnés et l’interdiction de la vente d’alcool dans les lieux publics. Si des enfants sont trouvés dans les rues, leurs parents pourraient d’ailleurs être emprisonnés pour « abandon ».
Au cours de sa campagne électorale, M. Duterte, qui doit prêter serment le 30 juin pour un mandat de six ans, a promis d’éliminer des dizaines de milliers de criminels, suscitant l’indignation de ses opposants mais séduisant aussi des dizaines de millions de Philippins lassés de la criminalité et de la corruption.
Le président sortant, Benigno Aquino, a répété au cours de la campagne que M. Duterte était un dictateur en puissance, susceptible de soumettre les Philippines au règne de la terreur. Rodrigo Duterte, maire de Davao pendant près de deux décennies, a été accusé d’avoir entretenu des escadrons de la mort dans cette grande ville méridionale de deux millions d’habitants devenue, selon lui, l’une des plus sûres de l’archipel.
Selon des organisations des droits de l’homme, les escadrons, composés de policiers, d’ex-rebelles communistes et d’assassins, ont tué plus de mille personnes, dont des enfants et des petits délinquants •
Teresa M.Bentor | |
Correspondante à Manille | |
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