La police indienne a arrêté six hommes ce samedi, accusés de viol et de meurtre, quelques heures après que leur victime, qu’ils ont violée et battue dans un bus à New Delhi il y’a deux semaines soit morte dans un hôpital de Singapour.
Photo: des manifestants, surtout des femmes, protestaient à Patna, en Inde ce samedi afin d’exprimer leur colère après la mort d’une jeune fille violée et battue il y a quinze jours (Xinhua).
NEW DELHI (Avec Agences) – Une jeune indienne, victime d’un viol est décédée samedi à Singapour après avoir subi une défaillance organique totale, selon l’hôpital de la ville-état ce samedi matin. Cette affaire a suscité des protestations contre la violence envers les femmes un peu partout dans le pays depuis quelques jours. Les autorités indiennes se préparent à la possibilité que sa mort pourrait enflammer davantage les manifestations. La police anti-émeute a été déployée dans les rues de la capitale depuis que cette affaire ait commencé à faire apparaître des manifestations parfois violentes.
La jeune femme de 23 ans a été transportée par avion à Singapour le jeudi après avoir été attaquée par six hommes dans un bus à New Delhi le 16 Décembre et frappée avec une barre de fer. Ses assaillants lui ont par ailleurs inséré la barre dans le vagin, créant des lésions internes irréversibles. Certains médecins indiens avaient critiqué la décision de la déplacer, du fait qu’elle était intransportable. « Nous sommes très tristes d’annoncer que la patiente est décédée à 04h45 (2045 GMT) le 29 décembre 2012″ a précisé Kelvin Loh, le directeur général de l’Hôpital Mount Elizabeth de Singapour, dans un communiqué. « Sa famille et des fonctionnaires du Haut-Commissariat indien étaient à ses côtés. L’équipe de médecins, d’infirmières de l’Hôpital Mount Elizabeth ainsi que tout le personnel se joigne à sa famille dans le deuil », précise le communiqué.
Elle était restée dans un état extrêmement critique depuis qu’elle avait été admise à l’hôpital, a indiqué M.Loh, « les médecins ont mené une bataille de la dernière chance pendant toute la nuit pour tenter de sauver sa vie (…) Malgré tous les efforts déployés par une équipe de huit spécialistes pour la garder vivante, son état a continué de se détériorer au cours de ces deux jours », a dit M.Loh. « Elle est morte suite à une défaillance générale de ses organes, qui avaient été gravement touchés suite à son aggression. Elle souffrait également d’un traumatisme crânien important. Elle était courageuse dans la lutte pour la vie, mais le traumatisme était trop sévère pour qu’elle puisse le surmonter (…) Nous sommes très touchés par le privilège d’avoir été chargés de prendre soin d’elle dans sa lutte finale » a précisé M.Loh.
La victime avait été traitée à l’hôpital Safdarjung de New Delhi après l’attaque. La décision de la faire hospitaliser du pays via avion sanitaire a été prise lors d’une réunion du cabinet du Premier ministre indien, Manmohan Singh, mercredi. Le gouvernement avait promis de payer tous les soins médicaux. Sushilkumar Shinde, Ministre de l’Intérieur a déclaré que la seule préoccupation du gouvernement était de s’assurer que la victime ait reçu « le meilleur traitement possible ». Mais certains journaux indiens ont suggéré que les autorités, qui ont lutté pour contenir les manifestations dans tout le pays après l’attaque, avait tenu a faire le transfert de la victime hors du pays, contre l’avis même de certains médecins. Un médecin qui faisait partie d’une équipe d’experts consultés sur le transfert possible de la jeune fille, a déclaré anonymement au journal ‘The Hindu’ qu’il leur avait seulement été demandé si il était possible de la soigner d’une meilleure façon dans un pays tiers comme Singapour. « La question n’était pas de savoir si un autre pays pouvait la soigner, voire la sauver, mais si elle était transportable ou non … à mon sens, elle n’aurait pas dû bouger … son état général a dû se dégrader lors du transfert » a indiqué le médecin.
Samiran Nundy, président du Département de Transplantation d’Organes et de Chirurgie Gastrique à l’Hospital Sir Ganga Ram de New Delhi, a déclaré au journal que le transfert n’avait guère de sens. «Je n’arrive pas à comprendre pourquoi un patient gravement malade avec une infection sanguin, une forte fièvre, des blessures internes, un traumastisme au cerveau, et un corps globalement ‘cassé’, ait pu être jugé sérieusement transférable ».
Le Premier Ministre Singh a ordonné une enquête officielle sur le viol collectif et la création de nouvelles lois pour protéger les femmes ainsi que des peines plus sévères pour les crimes relatifs au sexe. Le gouvernement a également annoncé son intention de publier les photos, les noms et les adresses des violeurs condamnés sur des sites Web officiels publics afin de leur faire honte. La campagne débutera à New Delhi, surnommée la «capitale du viol». M.Shinde a également déclaré que la police de Delhi allait bientôt lancer une campagne pour recruter davantage d’agents féminins afin que les victimes de viols aient plus confiance.
L’Inde a été secouée par une vague de protestations la semaine après l’attaque, poussant les autorités à cordonner une grande partie de la capitale et à déployer des policiers anti-émeute avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Le viol de New Delhi a braqué les projecteurs sur un crime qui se produit pourtant quotidiennement en Inde, la plupart des agressions de ce genre ont lieu dans les zones rurales.
La police a déclaré par ailleurs ce vendredi qu’une écolière de 15 ans avait eu la gorge tranchée après avoir été violée dans la zone de Pali Muqimpure dans l’Etat de l’Uttar Pradesh. Une chasse à l’homme a été lancé pour retrouver trois jeunes soupçonnés de cette attaque •