Un rapport demande au gouvernement de légaliser la sollicitation, d’arrêter les descentes de Police et de prohiber les arrestations arbitraires et les détentions illégales.
Photo: arrestation à Pékin (DR)
PEKIN 北京 – Xiao Liu est tombée dans la prostitution quand son fils avait deux ans. Mme Liu, 43 ans -ne désire pas donner son vrai nom- travaillait dans une industrie chimique de sa ville natale dans le Sichuan, mais elle fut licenciée et vint vite à court d’argent il y a 10 ans. Vivre devenait tout simplement difficile. « Je suis venue à la prostitution, car je n’avais pas d’argent, mon mari ne gagnait pas assez, mais il fallait que nous survivions. Je n’avais pas de diplôme, pas de talent … que pouvais-je faire d’autre ? ».
Mme Liu avait considéré un temps travailler comme employée domestique ou serveuse, mais les salaires maigres de ces professions n’auraient pas suffis pour payer la location, les factures et l’éducation des enfants, a-t-elle déclaré. « Cependant, la vie de prostituée à Wuhan est plus dure que je ne l’avais imaginé. Les abus verbaux et physiques par les clients sont fréquents, et quelques clients s’en vont sans payer ». Ayant peur de se faire arrêter pour prostitution, Xiao Liu n’a jamais osée aller voir la Police.
Elle a déjà été arrêtée deux fois, une fois elle fut détenue pendant 10 jours; une autre fois, elle se vit infliger une peine d’un an dans un camp de rééducation. A cette occasion, la Police l’a forcé à poser avec un préservatif à la main pour avoir une preuve de prostitution dont elle avait besoin pour l’accuser. Elle avait refusé, et fut battue.
Elle donne régulièrement des pots-de-vin à la Police pour ne pas qu’ils l’embêtent de trop. Mme Liu leur donne des petites enveloppes rouges (avec de l’argent), des paquets de cigarettes, et parfois des passes gratuites. « Sinon, ils reviennent le lendemain en uniforme. Que voulez-vous faire si vous souhaitez rester dans le business ? ».
Il y a entre 4 à 6 millions de prostituées en Chine qui sont sujettes régulièrement à des arrestations arbitraires, selon un rapport publié ce mardi par une Association des Droits de l’Homme de New York, « Human Rights Watch » (lire le rapport).
Le rapport se basant sur 140 interviews de prostituées, clients, policiers, officiers de santé publique et travailleurs sociaux indique que les travailleuses du sexe sont vulnérables face à la Police, et face aux maladies sexuellement transmissibles. Des cas de viols et de tortures ont aussi été relevés.
Les prostituées arrêtées sont généralement relâchées avec une amende, ou sujettes à quelques temps en prison. Des « habituées » des arrestations peuvent se voir infliger un ou deux ans de prison ou de camp de rééducation, comme ce fut le cas pour Mme Liu.
Meng Xiang, également un pseudonyme, était propriétaire d’un salon de massage à Wuhan. Elle a indiqué qu’un jour, lors d’un raid de la Police, les policiers avaient forcés ses employées, qui fournissaient quelques services sexuels « softs », à poser nues pour des photos, elles furent battues devant leur patronne impuissante, si elles refusaient. Mme Meng fut détenue 15 jours pour ne pas avoir payé sa « taxe de protection » auprès de la Police.
De peur d’être attrapée avec une preuve accablante, beaucoup de filles ne portent pas de préservatif, elles peuvent éventuellement argumenter, en cas de problème avec la Police, qu’elles sont en train de faire l’amour avec leur copain. Cependant, elles courent ainsi un risque assez important. Les résultats de tests HIV, pourtant confidentiels, sont par ailleurs subtilisés directement dans les laboratoires, pour être publiés en ligne, ou à qui veut le savoir.
« Toutes ses pratiques violent les lois chinoises, ainsi que les lois internationales de protection des droits de la personne. Le gouvernement chinois fait trop peu pour y mettre fin, et ne s’assure pas que les travailleuses du sexe aient accès aux soins médicaux », indique le communiqué de l’association. « Le seul moyen est d’arrêter l’arbitraire, les détentions illégales, l’usage de la force, les confessions forcées et l’usage de la torture. Les tests HIV doivent être fait de manière volontaire, et doivent rester secrets », précise le communiqué •