Un officier en charge d’une des deux brigades impliquées dans la mort d’un jeune caporal a été mis en détention, selon le Ministère de la Défense ce mardi.
Photo: Hung Chung-chiu (洪仲丘), caporal dans l’Armée taïwanaise (capture d’écran ETTV News).
TAIPEI 臺北 – La Haute Cour Militaire a accepté ce mardi la demande du Bureau des Procureurs de la Cour Suprême Militaire d’arrêter le Colonel Ho Chiang-chung, vice-commandant en chef de la Brigade Blindée 542 de Hsinchu.
Il est le premier militaire à être mis en détention dans ce dossier d’enquête sur le pourquoi de la mort de Hung Chung-chiu (洪仲丘), un conscrit devenu caporal durant ses deux années de service, et qui est décédé deux jours avant la fin de son service, à cause d’une punition disciplinaire qui reste floue.
« Si il y a de fortes suspicions contre d’autres militaires, gradés ou non, le Bureau considérera leurs arrestations », a indiqué le Bureau des Procureurs ce mardi. Selon les procureurs le Col.Ho a utilisé sa position pour imposer une punition qui allait au-delà des règles militaires, « il a été arrêté afin qu’il ne détruise pas de preuves ou qu’il ne manipule pas d’autres témoins ».
Selon le Code Criminel des Forces Armées, le Col.Ho pourrait être condamné à 3 ans de prison ferme et à 300 000 NT$ d’amende (7 650 Euros), si il est responsable.
Le Sergent Hung, avait été envoyé par son unité à la Brigade 269 de Taoyuan pour sanction disciplinaire, après avoir apporté un téléphone cellulaire dans sa base, ce qui est interdit. Après des jours d’entraînements physiques (trop) intenses, sous la chaleur, il s’est effondré inanimé le 3 Juillet, puis est mort le lendemain.
Avant de subir cette sanction, il fut envoyé dans un hôpital militaire pour un check-up physique, obligatoire pour tous les militaires subissant une sanction disciplinaire. L’hôpital a indiqué cependant qu’il faudrait plusieurs jours pour que le rapport soit prêt, et le Sgt.Hung a été envoyé dans sa base.
Quand un officier en a informé le Col.Ho, ce dernier a fait pression sur l’hôpital pour que ce dossier soit rapidement terminé, et il le fut, en une demi-journée. Le Sgt.Hung qui était en surpoids, a été envoyé vers sa sanction, et a été forcé de faire des exercices trop difficiles pour lui, qui ont conduit à sa mort.
Le Col.Ho, qui avait déjà été dégradé le 11 Juillet dernier par les instances militaires, a été transféré ce mardi au Centre de Détention militaire de Pateh dans le Comté de Taoyuan. En entendant cette information, la grande soeur du Sgt.Hung, a indiqué aux journalistes que cette arrestation « survenait trop tard ».
Hung Tzu-yung (洪慈庸), a indiqué que sa famille avait demandé aux procureurs d’arrêter les acteurs de cette triste affaire dès le jour de l’annonce, afin qu’ils ne s’entendent pas sur des témoignages et qu’ils ne détruisent pas certains documents. Le père de Hung Chung-chiu (洪仲丘) a indiqué que découvrir ce qui était vraiment arrivé à son fils était la seule chose importante. Il a demandé que la vidéo de 80 minutes des exercices disciplinaires infligés à son fils tournée le 1er Juillet dernier soit rendue publique.
Le Ministère de la Défense (MOD) a indiqué que cette vidéo contenait une « section effacée », et qu’elle était pour le moment dans les mains du Ministère de la Justice (MOJ 中華民國法務部) pour décision. Le Major Général Tsao Chin-sheng, procureur-général militaire, a confirmé ce mardi qu’une partie de la vidéo était « blanche », mais que contrairement à ce qui avait été dit par certains médias, la vidéo n’était pas perdue.
Un rapport administratif publié par le Ministère de la Défense (MOD) a indiqué qu’un nombre important de failles avaient été découvertes dans le processus qui a mené à la mort du Sgt.Hung, notamment le fait que la Brigade Blindée 542 avait ignoré la loi en infligeant une sanction disciplinaire. La détention d’un téléphone portable est seulement puni par une sanction administrative, ainsi son incarcération et les exercices infligés étaient « illégaux ». Le rapport du MOD a également indiqué que le Sgt.Hung était un homme ayant des risques sanitaires, et que les exercices qui lui ont été demandés ne respectaient pas sa condition médicale •