La première fois que Maria a été violée, elle n’a rien dit à personne. « La première chose qui m’est arrivée à l’esprit, c’est que je ne voulais pas perdre mon boulot ».
Photo: Cynthia Dacanay, travailleuse sociale auprès de la Mission pour les Travailleurs Migrants (Jonathan Levine).
HONG KONG 香港 – La jeune femme de 25 ans, provenant des Philippines, était à Hong Kong depuis juste un mois en poste auprès d’une famille de Kowloon quand la première attaque survint. Une seconde attaque la força à s’enfuir. « Je suis partie à minuit, sans rien, juste un petit sac. J’étais encore en pyjama », se souvient-elle.
Sa plainte en justice n’a rien donné du fait de preuves insuffisantes. Elle était allé trop tard voir un médecin. C’est un cas extrême qui démontre l’étendue désormais des violences envers les travailleuses domestiques dans la ville.
Les données collectées par la Mission pour les Travailleurs Migrants, indiquent que plus de 3 000 femmes ont été abusées l’an passé. 58% ont été victimes d’abus verbaux, 18% des abus physiques et 6% des abus sexuels. Les travailleurs sociaux pensent qu’il ne s’agit là que du haut de l’iceberg, du fait que de nombreuses victimes sont trop effrayées pour parler ou porter plainte.
« Le nombre de cas non-rapportés sont bien entendu inconnus », précise Cynthia Dacanay, travailleuse auprès de la mission, ajoutant que « certains employeurs considèrent les abus comme normaux envers les domestiques ».
Après une nuit à avoir erré dans les rues, les amis de Maria l’ont emmené à la mission au sein de la Cathédrale St John à Central, qui fourni de l’aide matérielle et légale pour les domestiques étrangers depuis 1981. « Je me suis sentie plus forte quand je suis arrivée ici », a précisé Maria.
Mme Dacanay a indiqué que le Consulat des Philippines de Hong Kong avait conseillé à Maria de repartir pour les Philippines et de ne pas engager plus d’action judiciaire, une accusation que le Consulat a cependant réfuté.
Les lois pour l’Emploi des Domestiques Etrangers à Hong Kong sont souvent critiquées car elles ne protègent pas mieux les domestiques se retrouvant dans des cas similaires à celui de Maria. Quand un contrat s’achève, un domestique n’a que 14 jours pour trouver un nouvel employeur, ce que beaucoup dénoncent comme étant trop court. Si ils échouent, ils doivent quitter Hong Kong.
Maria s’est vue délivrer une extension de son visa, du fait qu’elle a déposé plainte légalement, mais s’est vue refuser le droit de travailler, et a due s’en remettre à la charité pour survivre. Depuis plus d’un an, elle vit à l’Abri Bethune House à Jordan, dans un petit dortoir avec d’autres femmes dans le même cas.
Sri, 40 ans, indonésienne, ne savait pas que son employeur devait lui fournir des soins médicaux si nécessaire, elle n’avait pas lu son contrat, elle ne sait pas lire l’anglais, déclare-t-elle. Elle a précisé qu’elle était tombé malade avec un problème à la gorge. Son employeur depuis six ans, l’a menacé de la licencier, sans lui proposer d’aller consulter un médecin.
Pour beaucoup de femmes, les violations de la loi sont la vie quotidienne. Elles déclarent que le peu de nourriture, le report du versement du salaire, la suppression des jours de congés et la violation de la vie privée, sans parler des violences, sont de plus en plus communes. Pour Maria, la sécurité de leur emploi reste la raison principale pour beaucoup de garder le silence.
Les agences de placement sont aussi dans le viseur de la Mission, qui font payer des charges exorbitantes en dépit des lois. Aux Philippines beaucoup d’agences demandent également des commissions de placement à Hong Kong, même si les lois philippines l’interdisent.
Malgré l’échec de sa bataille juridique, Maria a récemment déposé plainte auprès de la Commission des Opportunités Egalitaires. Elle espère qu’elle espérait le lancement d’une nouvelle enquête, mais elle cherche aussi à retrouver un travail. « Je dois travailler pour mes enfants » •
Traduction d’un texte original publié par le South China Morning Post (南華早報)