Trente Vietnamiens ont été condamnés à mort lundi 20 janvier pour trafic de drogue lors du plus important procès lié à la drogue dans le pays communiste. Ils étaient 89 sur le banc des accusés, soupçonnés d’avoir transporté près de deux tonnes d’héroïne.
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HANOI (Vietnam) – Les 59 accusés qui échappent à la peine capitale ont été condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à la perpétuité. Le procès, qui a duré dix-sept jours, avait commencé le 3 janvier dans la province de Quang Ninh, dans le nord du pays. « En raison du grand nombre d’accusés et de la gravité de l’affaire, le procès a eu lieu dans la prison », a précisé le juge. Selon les enquêteurs, les accusés faisaient partie de quatre réseaux internationaux qui transportaient héroïne et autres drogues du Laos vers le Vietnam et la Chine depuis 2006.
Ces organisations avaient été démantelées en août 2013 par la police, qui avait arrêté de nombreuses personnes et saisi de grandes quantités de drogues, ainsi que des voitures de luxe et des armes, selon la presse d’Etat, qui a précisé que l’un des leaders était toujours en fuite. « Tous les accusés sont vietnamiens et la plupart sont de provinces du Nord-Ouest », a précisé Nguyen Trung Hieu, greffier.
Le nord-ouest du Vietnam, à la frontière avec la Chine et le Laos, est très isolé pauvre et habité principalement par une myriade de minorités ethniques. Le Triangle d’or, région à la frontière entre le Laos, la Thaïlande et la Birmanie, était le premier producteur d’héroïne et de sa matière première, l’opium, il y a trente ans. Mais l’Afghanistan a depuis pris cette place, loin devant la Birmanie.
La législation vietnamienne contre le trafic de drogue compte parmi les plus sévères au monde. Toute personne trouvée en possession de plus de 600 grammes d’héroïne ou plus de 20 kilos d’opium est passible de la peine de mort. En 2010, l’Assemblée nationale avait changé la loi pour remplacer l’exécution par balles par l’injection létale, jugeant cette méthode plus « humaine ». La loi était entrée en vigueur le 1er juillet 2011, mais, faute de produits pour composer le mélange de l’injection létale, les exécutions avaient été suspendues. Elles ont finalement repris en août dernier après la modification de la législation pour permettre l’utilisation de produits locaux.
Le pays compte désormais plus de 700 prisonniers dans le couloir de la mort, selon les articles de la presse officielle. La grande majorité des peines capitales sont prononcées à l’encontre des trafiquants de drogue et des meurtriers. Hanoï ne divulgue pas ses statistiques mais Amnesty International avait répertorié en 2011 cinq exécutions et 23 condamnations à la peine capitale, et 86 condamnations en 2012. En raison des problèmes liés à l’approvisionnement mais aussi à la production locale des produits nécessaires à l’injection létale, certains députés ont appelé à un retour au peloton d’exécution •
Agences