Pour la première fois, la Chine a mis en cause mercredi dans une affaire criminelle Bo Xilai, l’ancienne étoile montante du Parti communiste chinois, sans toutefois le nommer, selon un rapport du procès de son ancien bras droit Wang Lijun publié par l’agence d’état Xinhua.
Photo: Bo Xilai participait au Congrès National du Peuple (NPC 中國共產黨全國代表大會) à Pékin en Mars 2012 (AFP).
PÉKIN (Reuters) – Wang Lijun, l’ancien chef de la police de la mégalopole de Chongqing dont le procès s’est tenu mardi à Chengdu, a tenté de dire au « principal responsable du Comité du parti de Chongqing de l’époque », en d’autres termes l’ancien chef du PCC de Chongqing Bo Xilai, que sa femme Gu Kailai était soupçonnée du meurtre de l’homme d’affaires britannique Neil Heywood.
En raison de ces nouvelles déclarations, il est de plus en plus probable que Bo soit inculpé dans cette affaire criminelle, probablement pour avoir tenté de dissimuler le crime ou pour corruption. Jusqu’à présent, il a seulement été accusé d’avoir enfreint la discipline interne du parti. Un jour après que Gu Kailai a empoisonné Heywood dans un hôtel de Chongqing, Wang l’a rencontrée et elle a reconnu avoir assassiné le Britannique. Wang a enregistré secrètement cette conversation mais n’a rien fait.
« Après mon arrivée à Chongqing, j’allais souvent chez Bogu Kailai (le nom officiel de Gu Kailai). Elle était gentille avec moi », rapporte Xinhua qui cite son témoignage. « A l’époque, j’étais guidé par des motifs égoïstes. Je ne voulais pas m’occuper de cette affaire. »
Les seules affaires de corruption mentionnées dans le rapport de Chine nouvelle concernent des partenaires commerciaux de Bo Xilai mais pourraient impliquer également l’ancien dirigeant. Xu Ming, un entrepreneur dont les affaires s’étendent du secteur du plastique à l’immobilier et qui connaît Bo depuis plus de 20 ans, a offert deux maisons d’une valeur de plus de 2,8 millions de yuans (340.000 euros) à un proche de Wang, selon Chine nouvelle. En échange, Wang a aidé à libérer trois des associés de Xu détenus à Chongqing. Xu a été emprisonné en mars, la veille de l’annonce de l’éviction de Bo.
Wang, 52 ans, a levé le voile sur la dissimulation du meurtre de l’homme d’affaires britannique Neil Heiwood lorsqu’il s’est réfugié en février au consulat américain de Chengdu, où, selon certaines sources, il a révélé aux diplomates le meurtre qui devait causer la chute de son mentor.
« Au consulat américain, après avoir brièvement parlé avec les responsables consulaires de protection environnementale, d’éducation, de science et de technologie, il a affirmé que parce que sa sécurité personnelle avait été menacée lorsqu’il enquêtait sur certains affaires, il demandait l’asile politique », ajoute Xinhua.
Dans les deux mois qui ont suivi le séjour de Wang au consulat, Bo a été démis de ses fonctions de chef du Parti communiste de la municipalité de Chongqing et son épouse Gu Kailai a été par la suite condamnée à la peine capitale assortie d’un sursis à exécution de deux ans •